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Interview JEFF de RED NOSE
par Philippe Archambeau (avril 2010)

http://www.rednose77.com/

RTJ : Bonjour JEFF, merci de nous accorder cette interview. Pour commencer, peux-tu présenter pour nos lecteurs les membres du groupe ?

Jeff : Salut et merci également à toi pour toutes ces news des groupes du sud et de notre vieux continent.

Je vais les présenter à leur place, ils me corrigeront si je dis des conneries. Et puis non, en fait. Héhé.

Au chant, Mr Pat Di Mascio. fan de zic et de pâtisseries, toujours le sourire à la Doc Feelgood, quand il n'a pas son harmo dans la bouche… voir un gâteau. Jovial et toujours prêt, il te refile toujours la bonne humeur et la pêche.

Claude Valtat, guitariste, expressif, riffeur et freestyler de naissance. Sec à l’extérieur, gras à l’intérieur, il sait te réchauffer une nonne frigide avec un tube de métal sur son manche. Un vrai Gaulois quoi.

Olivier Le Goff, guitariste électron libre, me dit qu’il essaierait bien aussi avec une nonne frigide.
A coup de rythmiques nerveuses et de soli-envolées! À part astiquer son manche, il aime l’histoire et ses maquettes de petits soldats. Il doit bien avoir d’autres passions croustillantes, mais il ne nous dit pas tout.  :D

Thierry, solide bassiste, il pourrait border un troupeau de guitares égarées avec 2 doigts. Il paraît tranquille son clope au bec, mais attention, faut pas réveiller la bête, ou alors après que la nuit soit tombée, sa Fender à la main.

Jean-Francois Vergne à la batterie. C’est moi, alors je ne vais pas en rajouter. Entre bûcheron et batteur, j’ai préféré la place assise.

RTJ : Peux-tu nous dire comment tu en es venu à jouer de la batterie ?

Jeff : En fait, j’ai commencé par une formation piano classique qui a malheureusement quelque peu explosé à ma première poussée d’acné. J’ai testé très rapidement la flûte et un peu la gratte sans conviction. J’aimais la batterie dans le Jazz mais les batteurs de Rock me fascinaient. Même une rythmique minimaliste derrière Elvis ou Jerry Lee et les jambes se mettent à bouger, c’est imparable. Une rythmique plus lourde et c’est la tête qui s’y met. Encore plus serrée et on se met à sauter. J’ai rencontré Claude et Thierry l’année où j’ai commencé. Ils avaient déjà eu une expérience chacun. C’est mon premier groupe. Mon prof me disait : "Je te donne des cours d’Afro-cubain, le Rock tu l’apprendras avec ton groupe". J’aime le côté bûcheron bourru et efficace de Phil Rudd ou Bonham, la patate de Georgia Satellites, le mécanisme de Bruce Crump (Molly), Joe Kramer (Aerosmith) ou Artimus Pyle, la finesse de Thin Lizzy et la force tranquille de Frank Bird.

RTJ : Peux-tu nous nous dire quelles ont été tes premières influences musicales ?

Jeff : En annexe de Collargol, l’ours qui chante en fa en sol, et "J’aime tes g’noux", je topais les cassettes de mon père des Beatles, des Floyd et d’autres comme Woody Guthrie. Le premier flash était pour le Rock 50's et les suivant pour les groupes cités dans la question du dessus avec Johnny Winter, Foghat, SRV et d’autres. J’ai redécouvert les 60's plus tard (Et les Beatles, c'est quoi? NdR). Ça ne m’a pas vraiment influencé directement dans Red Nose, mais j’aime aussi le cajun, le ska, la salsa, le rockab', la musique hawaïenne des années 30 et pleins d’autres trucs qui n’ont rien a voir.

Pour les autres membres et le choix de leur instrument : Paul Rogers, Bad Co et Free, les Pirates et Feelgood ont révélé la passion de Pat. Yes, Genesis, ELO, Deep Purple, Jethro Tull, et plus tard les groupes sudistes pour Claude, AC-DC et Mr Big pour Olivier et une pointe de garage pour Thierry,
en plus des autres groupes cités plus haut.

RTJ : Quand le groupe s’est-il créé ? Peux-tu nous en dire un peu plus, sur les débuts du groupe ?

Jeff : Une histoire comme celle de pas mal de groupes. Dans une petite ville en 80, les ados chevelus se trouvent vite. Un jour, faire de l’air guitar devant sa glace sur Whole Lotta Love ou Rosie ne suffit plus et il est temps de les massacrer avec de vrais instruments. P'têt' même que ça pourrait être bon pour la drague. Bref, Claude (guitare), Thierry (basse), et moi, déjà potes, décidons de monter un local de répète dans le fond du jardin, fatigués de jouer dans la chambre dès que les vieux sont partis.

Complètements autodidactes sur la compo, on a commencé par scotcher des plans, puis se rendre compte que les couplets, les refrains pouvaient aider à poser un chant, etc…

Tout ça nous a pris pas mal de temps mais on n'a pas attendu de savoir jouer pour s’essayer sur scène.

Le groupe s’est créé officiellement en 85. Gros Gilles, notre premier guitariste, et P'tit Gilles, premier chanteur, nous ont rejoints vers 88 et on a rapidement entamé les concerts sur Paris et pas mal de pubs aussi. Le son était très Molly avec une pointe de soul dans le chant anglais. Pat et Alain (deuxième gratteux) nous rejoignent en 1992. beaucoup de Freewheels dans cette période. Alain nous quitte vers 95 et on continue les dates à quatre. Sans jamais avoir eu de réel enregistrement, on commence à penser à un album qui ne verra le jour qu’en 2002.

Bizarrement après cette expérience, on cherche moins de dates, on vasouille un peu, pas vraiment d’objectif. On bœufe beaucoup pour les potes et on compose quelques titres. Olivier nous rejoint en 2006 et apporte un peu de fraîcheur. Le temps de s’intégrer et on entame notre projet de deuxième CD.

RTJ : Et as-tu une explication pour le nom ?

Jeff : ça vient d’un soir de déconne On trouvait que nos barbus français accoudés sur le zinc avait un côté "zztopien" mais avec la casquette Ricard et le nez rouge. On écoutait du Blackfoot. Chaque pays
a sa culture et sa tribu; il semblerait que chez nous, la tribu pourrait s’appeler Red Nose.

RTJ : En 2002, nous avons chroniqué votre premier CD, sera-t-il réédité ?

Jeff : On l'a déjà réédité, il nous en reste. On peut le commander chez nous via notre MySpace par mail à contact@rednose77.com . Sinon, Brenus, Compact Dixie, Fnac…

RTJ : Votre nouveau CD, voir chronique en ligne, s’appelle donc Snack Bar Boogie. Premier constat : vous seriez-vous assagis ? Auriez-vous vieilli ?

Jeff : C’est l’album de la maturité! Non je déconne, on est pas près d’être mûr, sinon au Jack Da'.
Vieillis fatalement mais assagis, pas vraiment. De moins en moins d’ailleurs.

RTJ : Quelles sont vos influences ? On ressent chez vous vraiment l’influence du Pub Rock anglais comme Dr Feelgood.

Jeff : Oui, il y a de ça. On essaie autant que notre feeling nous y invite, de varier les titres, mélanger les genres sans réinventer la roue, tout en gardant une couleur chaude sur l’ensemble. Entre Lynyrd, Creedence, ZZ, Feelgood, AC-DC, Georgia Satellites, Status Quo et Foghat, ça fait de la matière à exploiter. On est les héritiers spirituels de pas mal de groupes comme eux qui transpirent dans nos titres. Mais plutôt que de coller à nos pères, dont on ne dépassera pas les socquettes, on tente toujours d’interpréter à notre sauce, d'éviter le déjà trop entendu. On reste très attaché au Boogie. Pour résumer, on est une bonne bande de branleurs qui faisons les choses le plus sérieusement possible. On essaie de pousser le bouchon toujours un peu plus loin et on sent encore les progrès, les nouveaux projets qui nous animent, alors on y retourne …

RTJ : Quels thèmes abordez-vous dans vos chansons 

Jeff : A toi Pat !

Pat : Mon inspiration vient la plupart du temps de l’imaginaire, de mon état d’esprit ou de celui des gens qui m’entourent, de la vie au quotidien sauf quelquefois des événements, comme la tornade en Louisiane, ou comme il y a quelques temps le sida.

RTJ : Votre disque rappelle souvent STOCKS, déjà par le choix de chanter en français.
Etais-tu un fan de Marquilly et sa troupe ?

Jeff : On était allé les voir aux Halles à Paris en 84 ou 85, le pied. Ce groupe nous a vraiment poussés au cul à l’époque. La couleur musicale est un peu différente, mais on reprend sa version de Cocaïne
dans les bars d'ailleurs.

RTJ : De quels groupes sudistes te sens-tu le plus proche ?

Jeff : A nous cinq, on pourrait citer Lynyrd, le vieux Molly, ZZ Top, A.R.S., Little Feat, Point Blank,
Black Oak, Outlaws, Boyz. Ah, Pat me dit de rajouter Bad Co. Il est comme ça, c’est pas sudiste
mais c’est bon quand même et ça lui fait plaisir. Dans les nouveaux, y'a plein de bons trucs aussi comme Blackberry, Judge Parker, Hellsingland Underground etc…

RTJ : Quelle est votre position sur le drapeau sudiste comme symbole du rock sudiste ?

Jeff : Vu de la Seine et Marne, ça représente surtout un beau drapeau bien punchy que l’on associe à un paquet de groupes qui nous font vibrer. Le reste c’est du blabla qui ne nous concerne pas directement sinon, par les réflexions que l’on peut entendre quelquefois.

L’association que certains font entre le drapeau et la politique, c’est un peu la même chose avec le drapeau français. Tout le monde ne le voit pas de la même couleur.

RTJ : Est-il facile de trouver des dates de concert dans une grande ville comme Paris?

Jeff : A part deux fois, on a toujours joué en Ile de France et Paris. Maintenant, il y a moins de place pour les groupes de compo, qui en plus qui font du bruit, et beaucoup de pseudo festivals qu’il faut payer en acompte, qui remplissent les bonnes moyennes salles de Paris. On a décidé de pousser nos frontières et de vivre de bons moments plus loin, partager notre potion ici (77) et ailleurs.
On a la gniac et on veut voir du pays. La vie d’un groupe de rock quoi.

RTJ : Peux-tu nous en dire plus sur les prochains projets de RED NOSE ?
Le prochain disque sera-t-il un live ?

Jeff : Un concert acoustique, c’est le prochain pour avril. C’est nouveau, exercice délicat et intéressant, et ça commence à bien groover. Postuler pour faire partie de la pépinière seine et marnaise et d’une compile diffusée dans des endroits où l’on n'apparaissait pas. Une vidéo. Sinon, partager des bons moments avec d’autres groupes de potes comme nous. MySpace est un bon lieu de partage virtuel.
On y découvre de super groupes français tous les soirs. Des dates, un vinyle et pourquoi pas un Live. Pas facile à mettre en place, le Live.

RTJ : J’ai vu que vous aviez un superbe dessin dans le CD ? Qui a réalisé la jaquette ?

Jeff : Merci, ça tombe bien c’est moi! On a voulu recréer l’esprit vinyle en un triptyque modèle réduit, résolument vintage à l’image de ce qu’il y a à l’intérieur Je crois que ça nous correspond assez bien.
Le dessin intérieur est notre vrai local, dans son jus. L’illustration et l’animation flash sont mes jobs
en freelance. Des projets de ce côté également et bientôt la mise en ligne de onclered.com

RTJ : Quel est pour l’instant ton meilleur souvenir sur scène de concert ?

Jeff : Avec du recul, même les pires moments restent irremplaçables (à part les 'blèmes" de son).
A chaque fois c’est différent. Le plus court était à un festival en plein air et il s’est mis à flotter
à verse dès le premier riff. Suivi de quelques secondes aussi, la fois où les flics sont arrivés
à cause du volume… Le meilleur reste à venir.

RTJ : Vous disposez d’un site Internet, pourra-t-on dans l’avenir trouver des concerts live
par exemple à écouter ?

Jeff : Pour le site c’est un point sensible car il est un peu en stand-by en ce moment mais ça va venir
en son temps. On va déjà se refaire un MySpace plus propre et oui, on mettra des titres plutôt hors album ou en live. Le principe est de faire vivre le truc et proposer du son en plus des albums 
pour ceux qui suivent.

RTJ : Que pensez-vous des problèmes dus au téléchargement ?
Mettrez-vous un jour des morceaux à acheter en ligne ou juste à écouter ?

Jeff : A notre niveau je dirai que le piratage nous ferait plus de bien que de mal car le principe est d’être diffusé. Avant, on avait les cassettes. Maintenant le support a changé. Les CD deviennent presque des supports de promo pour pérenniser la vie sur scène. Nous, on est attaché à l’objet. C’est pour cela que l’on a voulu faire un objet différent d’un boîtier classique à 10 euros. Quand quelqu’un nous en achète un, ça va directement chez le producteur et c’est ça qui fait vivre le groupe. Du vrai commerce équitable quoi ! On est diffusé également sur 150 plateformes mp3.

RTJ : Que penses-tu du groupe qui monte, BLACKBERRY SMOKE ?

Jeff : Musicalement je n’ajouterai rien de mieux que ce que les chroniques en disent, mais pour les avoir vus je dirais : grande décontraction sur scène comme en dehors, une gentillesse évidente, des mecs généreux et ça transparaît à l’écoute comme de visu. C’est passé trop vite, vivement la prochaine.

RTJ : On a aujourd'hui de nombreux groupes de rock sudiste en France, alors que le style n’y a jamais beaucoup vendu, penses-tu que c’est le coté rebelle qui attire ?

Je crois qu’il y a un panel très large et surtout très riche dans ce style. D’ailleurs souvent difficile à étiqueter. On pourrait différencier les groupes du sud des groupes sudistes, déjà. Entre la country très rock, tantôt cajun, tantôt jazzy, même des fois reggae ou le blues des Allman jusqu’aux nouveaux groupes plus durs, il y a matière à s’exprimer! Beaucoup de zicos y trouvent leur bonheur je pense.
Elle peut être dure, mélodique, bluesy, jazzy, avec des chœurs, des envolées de guitares qui n'en finissent plus de surenchère. Bien que typée, elle ne l’est p'têt' pas assez pour les média.
Culture trop lointaine, trop folklorique. Pourtant ce n’est pas une musique réservée aux initiés.

RTJ : Question traditionnelle dans RTJ : si vous deviez emmener cinq disques sur une île déserte, lesquels choisiriez vous ?

Pat : Stupidity (Doc Feelgood)

Oliv : If you want blood (AC-DC)

Claude : Mannderly (Patrick Abrial Stratageme Group)

Thierry : Degüello (ZZ Top)

Jeff : Face A : If you want blood (AC-DC)/ Face B : Fandango (ZZ Top)